Le bon et le mauvais massacre cruel

[18/11/2023]

Depuis le 7 octobre, les personnes soutenant les Palestiniens sont parfois vite accusées d’apologie du terrorisme. Pendant ce temps, le magazine Challenges publie le 17 novembre un édito sidérant, presque un guide pour faire l’apologie des massacres cruels en toute impunité. Sachez-le donc, il y a d’un côté le bon massacre cruel et, de l’autre, le mauvais massacre cruel.

Le bon massacre cruel, on peut l’appeler selon les cas "cruauté stratégique" (bombardements massifs de civils par les Alliés, ou Hiroshima) ou "cruauté de la vengeance". La cruauté de la vengeance, c’est cette cruauté que l’on comprend car elle est "humaine", celle "qui inflige à celui ou à celle ou à ceux qui vous ont fait cruellement mal une souffrance proportionnelle qui soulage. Qui a vocation à purger la douleur". Comme celle de ces pauvres soldats américains épuisés "qui pénètrent le 16 mars 1968 dans le village de My Lai au Vietnam et, avant midi, massacrèrent 500 civils non armés, souvent à la baïonnette". L’article ne s’arrête pas en détail sur les viols, les corps mutilés et les cadavres de nourrissons retrouvés à l'époque à My Lai.


Le mauvais massacres cruel, c’est celui qui dérive d’une cruauté "sadique", "froide" ou "programmée par l’idéologie totalitaire", celui pour lequel l’article de Challenges ne trouve aucune excuse. Entre le bon et le mauvais, on trouve une catégorie "la cruauté de proximité des guerres civiles" dans laquelle les jugements de valeur de l'article sont plus indéfinis et variables. Les catégories présentées dans l'article sont globalement floues et assez peu étayées. A lire les explications, on peut comprendre la logique stratégique sous-tendant certaines actions des Alliés en 1945. Mais il y a d'autres distinctions que l'on comprend franchement moins bien : qu'est-ce qui distingue "la cruauté de la vengeance" présentée comme compréhensible, de la mauvaise "sadique" ? Pourquoi le massacre de My Lai, par exemple, figure-t-il dans la première plutôt que dans la seconde ?


Puis on recompte les exemples et on voit que les choses sont en fait très simples et sans exceptions : les bons massacres cruels sont précisément ceux commis par les membres de nos démocraties occidentales, même quand rien ne devrait les justifier. Les mauvais sont précisément ceux des Nazis, des communistes et du Hamas. Voilà un inconscient qui isole les occidentaux et sur lequel nous devrions réfléchir en profondeur.


L'article de Challenges ici et reproduit ci-dessous :